La gestion des ruptures d’approvisionnement médicamenteux est un problème complexe qui réclame une stratégie collective. L’expérience du Royaume-Uni ressemble beaucoup à la nôtre…
Les ruptures d’approvisionnement médicamenteux ont plutôt tendance à augmenter au Royaume-Uni, et les mesures récentes du Président Donald Trump ont un effet d’accélération sur cette question.
On pourrait se croire singulier avec notre problème français sur ces questions de rupture de médicaments. Mais un article récent (Fortune et al, 2025) montre que nous partageons beaucoup de similarités avec d’autres pays européens, et notamment avec le Royaume-Uni, dont on pourrait croire parfois que les différences avec nous sur ce point sont considérables. La question dépasse à l’évidence nos frontières, devient bien plus générique, complexe et systémique. Elle réclame des stratégies plus globales que celles tentées récemment et nationalement çà et là, sans perspective d’une logique de marché européen.
Partout, les professionnels de santé doivent de plus en plus s’impliquer personnellement et passer du temps à se procurer pour leurs patients certains médicaments, dont l’arrêt serait très préjudiciable.
La question est devenue très sensible au Royaume-Uni sur des médicaments antiépileptiques, certains antibiotiques, hormones thyroïdiennes, pas mal de molécules psychotropes, et maintenant certains anti-cancéreux.
L’Académie Royale de pharmacie Anglaise (Royal Pharmaceutical Society - RPS), aidée par des donateurs, s’est saisie du problème et propose une stratégie nationale pour circonscrire la question et mettre en place des solutions.
La chaine d’approvisionnement des médicaments est complexe, et les raisons des ruptures sont multiples, rendant du coup difficile une réaction corrective ponctuelle en jouant sur un seul levier.
Parmi les raisons des ruptures, on retrouve pêle-mêle la réduction progressive des sites de l’industrie du médicament au Royaume-Uni avec :
Malgré tous ces obstacles, le Royaume-Uni essaie de gérer au mieux. Le taux de médicaments en rupture reste voisin de 2,5% des prescriptions.
Les actions les plus souhaitables, mais qui méritent améliorations, restent l’organisation d’actions coordonnées entre toutes les parties, y compris les patients. On voit encore trop souvent la faute de la rupture retomber sur les pharmacies, mais clairement, le problème est plus transversal, mobilisant les prescripteurs, l’État, et toutes les composantes techniques et financières de la chaîne d’approvisionnement .
Pour aller plus loin
Tensions et ruptures de stock de médicaments déclarées par les industriels : quelle ampleur, quelles conséquences sur les ventes aux officines - Drees
Lutter contre les pénuries de médicaments : un problème complexe nécessitant une action collaborative - The BMJ
Les pénuries de médicaments s'aggravent en Europe - Statista
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